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Meet & Greet Mathieu Luypaert: « Les données orientent les transactions (et inversement) »

Nos spécialistes

En dix ans, le Vlerick M&A Monitor est devenu la référence en matière de valori- sation et de structure des transactions sur le marché belge des fusions et acquisitions. Depuis 2025, Moore et par conséquent Dealmakers – est officiellement le partenaire principal de cette étude. « Le M&A Monitor doit être réaliste et utile, tant pour les entre- preneurs que pour le monde académique

», explique Mathieu Luypaert, professeur à la Vlerick Business School et instigateur de cette étude annuelle. « C’est précisément la raison pour laquelle la collaboration avec Moore s’avère si précieuse : ils apportent la connaissance du terrain et les questions concrètes, nous apportons la méthodologie. Ensemble, nous faisons en sorte que l’étude reste pointue et pertinente ».

Pourquoi le M&A Monitor est-il devenu une étude aussi importante ?

Mathieu Luypaert : « Parce qu’il donne une image réaliste et étayée du marché belge des transac- tions – en mettant l’accent sur le segment où l’ac- tivité est la plus forte : les transactions de moins de 50 millions d’euros. La moitié des reprises se situent entre 5 et 50 millions, et 37 % d’entre elles demeurent même sous la barre des 5 millions d’euros. C’est précisément la zone où opèrent la plupart des entrepreneurs, des conseillers et des managers. Une zone souvent négligée par les médias, parce qu’ils se concentrent sur les acquisitions les plus importantes. »

Quelle est l’utilité du Monitor pour les entrepreneurs ?

« Notre dernière enquête montre que dans près d’une reprise belge sur trois, le Monitor a effecti- vement été consulté pour déterminer un prix de référence. Les vendeurs l’utilisent pour estimer ce qui est réaliste : quel multiple est courant, quel est le rapport en vigueur entre paiement initial et earn-out, et quelle est la durée moyenne de ce type de processus ? » (Réponse : comptez entre six et neuf mois si tout se passe bien.)

Quels multiples observez-vous actuellement ?

« Pour les entreprises dont la valeur est infé- rieure à 5 millions d’euros, la médiane se situe autour de 5 fois l’EBITDA. Dans le segment entre 5 et 50 millions, cette médiane atteint 6 à 8 fois. Mais il existe de grandes différences en fonction des secteurs et des régions. La Flandre obtient systématiquement des multiples plus élevés que la Wallonie, notamment grâce à la taille des entreprises et à leur orientation vers l’exportation. Les modèles économiques numériques, axés sur la technologie ou sur des revenus récurrents, obtiennent également des valorisations plus élevées. »

Quelles sont les autres tendances qui ressortent ?

« Les acheteurs ne considèrent plus aujourd’hui la valeur comme il y a cinq ans. Le talent devient de plus en plus un moteur d’acquisition expli- cite : l’accès aux compétences humaines est tout aussi important que l’accès à la clientèle. En outre, l’accent est mis de plus en plus sur les critères ESG. Les entreprises disposant d’un score durable démontrable n’obtiennent pas forcément un prix plus élevé, mais suscitent davantage d’intérêt de la part des acheteurs.»

Le Monitor est-il toujours à jour dans un contexte mondial instable ?

« Le contexte macroéconomique présente effectivement pas mal de défis : les tensions géopolitiques, les politiques de taux d’intérêt, l’incertitude quant à l’impôt sur les plus- values et la faiblesse du dollar influencent le comportement des acheteurs. L’incertitude n’encourage pas à prendre des risques. Nous observons cependant de nouvelles dynamiques. Les acteurs belges prennent plus souvent l’initiative au-delà des frontières : avec des stratégies buy-and-build ou des acquisitions à l’étranger. Il y a peut-être un revers à la médaille et la faiblesse du dollar pourrait générer des opportunités d’acquisitions aux États-Unis, où les cibles sont devenues plus abordables. »

Qu’apporte la collaboration avec Moore ?

« Moore et Dealmakers sont au cœur de la pratique. Ils ne se contentent pas de fournir des données, ils nous mettent aussi au défi : cette image est-elle encore correcte ? Voyez-vous ce que nous voyons ? Cela permet à l’étude de rester pertinente et actuelle. De plus, la colla- boration se révèle agréable tant sur le fond que sur le plan humain. Il nous faut peu de temps pour nous accorder et cela se ressent dans les résultats. »

Mathieu Luypaert en un coup d'oeil

  • Professeur en Corporate Finance à la Vlerick Business School
  • Academic Director du Centre for Mergers, Acquisitions & Buyouts