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L’inflation et la hausse des taux d’intérêt vont-elles paralyser le marché des acquisitions ?

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L’époque de l’argent gratuit et de la faible inflation n’est plus qu’un lointain souvenir. Quelles sont les conséquences de cette nouvelle réalité de taux d’intérêt plus élevés et de prix en hausse pour le marché des acquisitions ?

La presse spécialisée fait état d’une diminution de l’activité dans les fusions et acquisitions au cours du second semestre de 2022 et les prévisions pour le premier semestre de cette année vont dans ce sens. Pour étayer ces articles, on retrouve des chiffres indéniables sur le nombre et la valeur des transactions, additionnés trimestre par trimestre. Ces statistiques traduisent les incertitudes que nous connaissons tous. Dans ce contexte, on évoque parfois une polycrise – le terme en vogue au Forum économique mondial de Davos. « À la guerre en Ukraine a succédé la crise énergétique, à laquelle ont succédé les inquiétudes à propos de l’inflation », Philippe Craninx nomme les trois facettes successives du même problème. « Sans oublier que, après la crise énergétique et en pleine flambée de l’inflation, les banques centrales ont commencé à relever les taux d’intérêt. »

Que signifient cette inflation et une hausse des taux d’intérêt pour les activités de M&A ?

« Cette question découle en réalité d’une autre question : qu’impliquent ces facteurs pour mon entreprise ? Puis-je ajuster mes coûts, maintenir mon niveau de bénéfices, etc. Ces conditions macroéconomiques jouent un rôle incontestable dans notre vie au quotidien et ont réellement des répercussions sur les fusions et acquisitions. Il suffit de considérer le nombre et l’ordre de grandeur des transactions pour constater effectivement un ralentissement. »

« Mais, car il y a un gros mais : chez Dealmakers, nous ne ressentons pas ces effets. Et il y a une bonne raison à cela : la décision d’un dirigeant de PME est déterminée dans une très large mesure par sa vie personnelle — à savoir les circonstances microéconomiques. Contrairement aux multinationales qui ont l’habitude de tenir compte des grandes tendances macroéconomiques. Nous avons demandé à la Vlerick Business School de réaliser une étude sur ce phénomène et elle a confirmé ce que nous avons constaté dans la pratique depuis des années. »

Devons-nous comprendre qu’il n’y a pas du tout d’effet ?

« Je n’irais certainement pas jusque-là, mais le nombre de transactions et la décision de vendre une entreprise ne dépendent pas de cela. Un effet auquel nous ne pouvons par contre pas échapper est la donnée que les taux d’intérêt sont plus élevés et que les banques se montrent plus réticentes à accorder des crédits. La conséquence de la hausse des taux d’intérêt est que, à capacité de remboursement égale, vous pouvez emprunter moins. Ajoutez à cela que vous pourrez emprunter moins en raison de l’aversion au risque des banques. Les acquéreurs éprouveront par conséquent un peu plus de difficultés pour boucler le volet financier de leur dossier et ils paieront probablement un prix légèrement plus bas. »

Y a-t-il un moyen de contourner cela ?

« Durant le processus de négociation, nous résolvons ce problème en utilisant un certain nombre de techniques pour combler l’écart entre ce que l’acheteur est disposé à payer et ce que le vendeur souhaite recevoir. Je songe à l’earn-out et au vendor loan. L’earn-out implique un paiement différé lié aux performances ou aux résultats futurs. Le crédit vendeur est un paiement différé pur et simple. Avec ces deux techniques, vous pouvez effacer la différence laissée par la banque.»